Effet de mode ou bonne affaire ?
Il s’agit d’une controverse qui anime de nombreux forums et réseaux sociaux, avec des points de vue contradictoires, souvent peu nuancés et malheureusement pas toujours très solides. Il est probable que cela soit intrinsèquement lié au fonctionnement de ces nouveaux médias où des « experts » enseignent aux pauvres disciples à distinguer le bien du mal absolu. Essayons d’y comprendre de manière détendue.
L’évolution technique des composants et des matériaux :
L’évolution sur ce point est indéniable. La qualité des éléments discrets a connu une nette amélioration. Aujourd’hui, un condensateur sera généralement beaucoup plus précis, moins encombrant et proportionnellement moins cher qu’au milieu des années 70, et cela s’applique également aux autres composants, bien qu’il y ait quelques exceptions (composants militaires).
De la même manière pour les matériaux, grâce au carbone et aux nanotechnologies, il est désormais possible de concevoir des objets à la fois plus précis, plus rigides, plus légers, etc… en fonction des exigences.
De plus, l’incorporation des composants a entraîné une diminution significative des coûts de fabrication et a offert des fonctions complexes. Cependant, on constatera par la suite que cela n’est pas toujours un progrès (ou du moins pas que).
L’optimisation des schémas et des principes de fabrications :
En ce qui concerne cette question, il est moins clair, à l’exception de l’amplification en classe D (incorrectement appelée amplification numérique) qui est une véritable innovation dans le domaine de la Hifi. La plupart des constructeurs se contentent d’utiliser des schémas expérimentés.
Les enceintes ne sont pas différentes, les lois de l’acoustique n’ayant pas évolué, une enceinte élaborée il y a plusieurs dizaines d’années continuera à garantir une reproduction de qualité, à condition évidente que ses composants (filtres, HP…) soient en bon état.
Il n’est plus nécessaire de faire une démonstration pour les platines vinyles, il suffit de voir la qualité de certaines Thorens, Garrard, EMT… pour s’en convaincre.
Le domaine où l’évolution a été la plus significative est évidemment le numérique. Les puces contemporaines offrent une qualité acceptable à des prix de revient très abordables. La compréhension théorique du traitement du signal a également été approfondie. Cela a entraîné une augmentation significative de la qualité moyenne des appareils numériques. Cependant, il est possible que certains appareils vintage ne soient pas ridicules même en comparaison avec la production actuelle. Écoutez un Studer A730 ou certains lecteur Philips et vous serez surpris.
La réparabilité
Il n’y a pas de discussion sur ce point, les choses ont connu une détérioration significative.
Jusqu’aux années 70, les appareils étaient principalement destinés à la réparation, ils étaient assez coûteux et il aurait été impensable de les jeter à la moindre panne. La hifi, tout comme le reste de l’industrie, a cherché à réduire les coûts de production, sans oublier une certaine obsolescence programmée particulièrement sensible dans les produits de bas de gamme.
L’incorporation des composants (plutôt que des composants discrets) entraîne également une diminution de la capacité de réparation, et malheureusement cela affecte même des marques considérées comme de haut niveau. Je pourrais vous présenter un lecteur CD d’une marque américaine renommée, qui a été vendu à 9600 € à sa sortie, mais qui est désormais hors d’état en raison de pièces à quelques centimes d’Euro qui sont aujourd’hui inaccessibles.
Alors la Hifi Vintage, une bonne affaire ?
En effet, les appareils anciens peuvent constituer une opportunité d’accéder à des appareils de haute qualité, réparables à un coût raisonnable. Par ailleurs, face au gaspillage électronique massif d’appareils à bas prix et non réparables, il s’agit d’une approche éthique et durable. En combinant un appareil ancien avec un lecteur de réseau contemporain, vous pourrez profiter du charme de l’ancien et des fonctionnalités modernes.
Cela ne signifie pas nécessairement que tout appareil ancien soit une excellente affaire.
Il est évident que l’appareil doit déjà être intéressant, un appareil mal conçu avec des composants de bas de gamme ne va pas se développer avec l’âge.
Il est également nécessaire que l’appareil soit bien entretenu, afin que ses caractéristiques soient le plus proches possible de celles d’origine. Écoutez un dispositif, même de qualité supérieure, avec des éléments à bout de souffle ou pire encore « améliorés » par un expert en fer à souder peut vous décourager définitivement de l’utilisation du vintage.
Comme pour toute acquisition d’objets d’occasion, il est important de faire preuve de patience, de n’acheter que des vendeurs de confiance et de faire entretenir vos appareils selon ces quelques règles de base. Je suis convaincu que vous pourrez profiter pendant longtemps de la musicalité des appareils déclassés.